• TRADUCTION : Cyberpunk 2077, entretien avec l'un des créateur de Cyberpunk

    Lors d'un débat au Game Lab Live, le créateur de Cyberpunk, Mike Pondsmith a parlé de la franchise et de sa vision pour son adaptation au jeu vidéo, Cyberpunk 2077.

    Le site Twinfinite nous livre un résumé de cet entretien que nous nous sommes empressés de vous traduire, dans lequel l'auteur a également parlé de sa première rencontre avec le studio CD Projekt RED.


     

    Mike Pondsmith a parlé de sa première rencontre avec CD Projekt RED, mentionnant que son idée des studios d'Europe de l'Est était "essentiellement quatre gars et une chèvre travaillant dans un endroit chaud et humide dans un sous-sol quelque part", ce qui est d'ailleurs similaire à la façon dont il a lui-même commencé, même s'il n'avait pas de chèvre.

    Finalement, il est allé les rencontrer parce qu'il n'avait jamais été en Pologne, donc cela aurait pu être intéressant.

    Lorsqu'il a visité le studio CD Projekt RED, il a réalisé que ce dernier était "incroyablement bon" et avait un "fonctionnement vraiment sophistiqué".

    Le studio était en train de travailler sur The Witcher 3 : Wild Hunt et Mike Pondsmith était acquis dès qu'on lui a montré le système météo du jeu. Il s'est également avéré que les gens de CD Projekt RED étaient des fans de Cyberpunk.

    À cette époque, Pondsmith travaillait sur des jeux vidéo depuis un certain temps, il n'y allait donc pas avec l'état d'esprit habituel de quelqu'un qui possède simplement une propriété intellectuelle, mais en pensant réellement à la conception du jeu d'un point de vue expert.

    Toutefois, il a remarqué que les développeurs de CD Projekt étaient bons, qu'ils se souciaient de leur travail, qu'ils avaient leur propre moteur et qu'ils passaient du temps à le rendre apte à faire tout ce qu'ils voulaient. En plus, ils étaient des fans, il n'a donc pas eu à revivre ce qu'il avait vécu avec d'autres développeurs au fil des ans, qui voulaient prendre la licence Cyberpunk sans la comprendre.

    À son retour de Pologne, il a décidé de donner la licence à CD Projekt parce qu'ils pouvaient le faire et qu'ils s'en souciaient. Ils pourraient faire le jeu que lui-même ferait.

    Par ailleurs, Pondsmith estime que les développeurs de CD Projekt ont également été surpris par son expérience dans le développement des jeux, plutôt que d'être simplement "quelqu'un d’assis sur une licence".

    Ceci a rendu le travail sur le jeu plus collaboratif que ce qui est typique dans ce genre de situation quand il est question de licence. Cela a donné naissance à quelque chose qui ressemble au monde de Cyberpunk, mais aussi à quelque chose d'adapté au format d'un jeu vidéo, et c'est quelque chose d'important pour Pondsmith car il y avait différentes contraintes

    Au fil des ans, la relation s'est transformée en une relation au sein de laquelle Pondsmith et CD Projekt " partagent beaucoup de points communs et ont un objectif similaire ".

    On a également demandé à Pondsmith ce qu'il pensait de la politique dans les jeux vidéo, et il a mentionné qu'il allait probablement "faire enrager les gens des deux camps".

    "Les jeux sont de la littérature, les jeux sont de l'art, et l'art, la littérature, quoi que vous en fassiez, sont intrinsèquement politiques. Il est certain qu'après avoir admis les armes et la prostitution, nous avons accepté la politique à la base parce qu'alors nous devions tout faire pour obtenir plus d'armes et plus de prostitution, je suppose.

    Le fait est que l'homme est un animal naturellement politique. Nous organisons nos sociétés pour travailler pour les gens qui sont au sommet ou, espérons-le, pour les gens de toute la société.

    Si vous dites qu'il n'y a pas de situation politique dans l'art, vous vous faites des illusions. Je pense que ça existe toujours.

    Cela étant dit, ce que nous avons tendance à faire maintenant, c'est de dire "ce n'est pas politique", à moins que cela ne s'aligne sur notre politique, et c'est une partie du problème. C'est que les gens le voient comme un outil ou une arme à utiliser avec ou contre leurs propres convictions personnelles.

    J'ai tendance à considérer que "la liberté est importante" non pas au niveau des personnes concernées, mais dans une société ou une civilisation. La liberté permet à une civilisation d'avoir des freins, des contrepoids, de se développer, d'apprendre de ses erreurs.

    Cela fait partie des éléments fondamentaux que je vois en politique dans un jeu.

    Parallèlement, j'ai également dit que si vous voulez que quelqu'un puisse voir votre point de vue, vous devez vraiment arrêter de prêcher. Lorsque vous faites un sermon aux gens et qu'ils ne se rendent pas compte eux-mêmes de ce qui se passe, ils se taisent invariablement parce que vous menacez maintenant ce qu'ils voient. Ils disent "vous avez tort et ma démarche est la bonne".

    Il se peut que vous n'ayez pas raison ou que vous n'ayez que partiellement raison et c'est alors que vous devez pouvoir parler à d'autres personnes et découvrir ce qui est juste pour beaucoup de gens. Si vous prêchez, vous n'y arriverez pas. Vous ne faites que donner votre version des faits et cela ne semble jamais fonctionner correctement.

    Ce que je crois, c'est que la façon de faire de la politique dans les jeux devrait être quelque chose qui se produit dans le jeu mais qui n'a pas nécessairement un objectif visible.

    A aucun moment une personne dans Cyberpunk ne vient dire "vous devriez suivre cette croyance". Ce qu'ils disent, c'est : "Il y a cette situation ici. Ce n'est pas un monde conçu pour promouvoir votre vie et vos moyens de subsistance, vos amis et vos voisins, et tout ce qui vous tient à cœur".

    La façon dont vous gérez cela n'est pas nécessairement liée à un ensemble de points de vue politiques. Vous devrez peut-être changer vos habitudes à mi-chemin. Mais ce sera politique. Vous prendrez une décision, et cette décision devra être éclairée. Vous devez savoir à quoi vous vous heurtez. Vous devez savoir ce que vous voulez obtenir au bout du compte.

    Chaque méga-entreprise de Cyberpunk a un but. Ce n'est pas comme s'ils disaient : "Je me suis réveillé ce matin et j'ai décidé que j'allais être mauvais." Ils ont des raisons de faire ce qu'ils pensent devoir faire.

    Vous pourriez trouver un moyen de faire coexister leurs raisons et vos raisons, ou même de faire en sorte que vos raisons supplantent les leurs, s'ils voient une bonne raison de le faire.

    S'ils peuvent lever les yeux et se dire "vous savez, peut-être que je dois réduire les combustibles fossiles parce que nous allons en manquer tôt ou tard" ou telle ou telle chose qui se passe et sans nécessairement dire que c'est mauvais, vous pouvez vous dire "vous savez, il y a probablement une meilleure façon de faire cela". Vous voulez gagner de l'argent et moi je veux être en mesure d'approuver. Parlons-en".

    A la question de savoir si Cyberpunk 2077 sera moins dystopique que le prochain Cyberpunk Red (qui dépeint la situation juste après une guerre massive des entreprises), Pondsmith a répondu que Red est plus post-apocalyptique. Il y a une différence entre "tout va en enfer" et "tout est mieux mais pour y arriver, il faut en quelque sorte se vendre".

    Red parle plutôt de remettre les choses en place avec les outils dont vous disposez dans l'espoir que le résultat sera meilleur. Cyberpunk 2077, c'est plutôt "oui, on a tout recollé mais les problèmes qui ont créé Red sont toujours là et vous allez toujours les combattre".

    Il y aura toujours des gens mauvais, cupides, corrompus, fous et méchants. Il y a des sociétés conçues pour favoriser l'expansion de personnes tout aussi méchantes et horribles.

    "Vous n'avez pas à dire à la fin, "eh bien Frodon, nous avons jeté l'anneau, et personne ne va en fabriquer un autre". Il y en aura toujours un. Quelqu'un va se souvenir qu'il y avait un anneau de pouvoir et ils vont dire : "Bon sang, si j'avais eu l'anneau de pouvoir, j'aurais été plus intelligent que Sauron."

    Pondsmith a conclu en mentionnant que beaucoup de choses à propos de Cyberpunk 2077 concernent le fait que l'exploitation est la douce couverture à la main de fer des entreprises, des sociétés, des personnes au pouvoir.

    Ils envoient des gens pour détruire vos moyens de subsistance, mais en attendant, ils vous proposent une nouvelle recette que vous allez vraiment apprécier.