• Eador Genesis

    Eador Genesis

    Eador : Genesis, jeu russe, sorti en 2009 dans son pays d’origine, sa célébrité a permis une traduction en anglais, d’où son apparition à la vente sur le site de téléchargements GOG en décembre 2012. D’après les développeurs qui ne s’en cachent pas, Eador : Genesis est un mixe de nombreuses licences tel que Heroes of might and magic, Disciples ou encore Civilization … et une  dose de RPG. Alors que vaut-il exactement ? Éléments de réponse ci-dessous.

     

    Eador : Genesis n’offre pas des graphismes dignes de notre époque, et l’on pourrait les comparer à ceux d’Heroes of might and magic 3, un jeu des années 2000, c’est dire le retard. La 2D fouillée donne un design chaotique, mais complète, apportant moult détails. Dans le menu, on ne pourra pas régler la résolution bloquée en 800x600, juste les options de jouabilité. On remarque aussi que les personnages n’ont pas d’animations sur la carte et se déplacent par glissement lors des phases d’actions. Tout comme dans la zone de bataille, avec des effets de sorts minimalistes, il est évident que le jeu n’offre pas d’effets « m’as-tu vu », comme certaines productions actuelles. Mais dans un jeu comme celui-ci, indie de surcroît, on ne va pas s’attarder sur les graphismes qui sont tout à fait suffisants. Par contre, je le trouve assez joli au niveau de l'interface et du menu avec des peintures et des portraits de toute beauté.

    Tout comme la musique classique qui est plutôt généreuse et entraînante. Et si les bruitages, en retrait,  sont suffisants sur les champs de bataille, ils restent redondants sur la longueur. Bien sur, il n'y a pas de voix, nous sommes avant tout, dans un jeu de stratégie.  

     

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    THE MASTER OF THE UNIVERSE


    Eador : Genesis vous propose de devenir le maître du monde, que dis-je de l’univers. Trois possibilités de jeu s’offrent  à vous après la création de votre profil. Soit une partie en multijoueur, soit une partie solo avec un niveau aléatoire et les paramètres à configurer, soit une grande et longue campagne. Intéressons-nous d’abord à cette dernière.

    Vous passez d’abord par la création d’un héros, un choix parmi quatre profils de personnage : guerrier, sorcier, archer mais aussi commandeur. Si les trois premiers restent tout à fait classiques, le commandeur sera orienté gestion de troupes. Il sera possible par la suite d’acheter et de diriger plusieurs héros pour explorer un royaume, mais les coûts d’achats deviennent exorbitants dès le second personnage.

    Après avoir choisi, vous commencez tout simplement comme apprenti et votre tuteur, à travers un didacticiel correspondant à la première carte, va vous apprendre à devenir gérant d’un royaume. A chaque tour de jeu, vous construirez un bâtiment dans votre château - qui comprend plusieurs upgrades possibles pour chaque évolution - qui augmentera vos capacités dans le jeu : Certaines constructions permettront d’embaucher des unités, ou de pouvoir acheter des objets, d’autres d’utiliser la magie ou encore d’upgrader les différentes régions sous votre contrôle. 

    En effet, le royaume, c'est-à-dire la carte sur laquelle vous jouez et déplacez votre avatar, est décomposé en différentes régions, quadrilatères inégaux, qui sont composées de relief et de végétations, d’habitations humaines et parfois d’une ressource. Une région unique comprend votre château, point stratégique important qui annoncera votre défaite s’il est investi par les adversaires.  

    Chaque région a donc son autonomie et ses propres lieux à découvrir si vous optez pour l’exploration avec votre héros et ensuite à visiter.  Ce dernier à chaque tour, peut se déplacer d’une « case » à l’autre, explorer la région dans laquelle il se trouve ou encore effectuer des actions selon les lieux découverts. On peut donc dire que le jeu est très riche, sachant qu’une même région pourra vous proposer de nombreux lieux à visiter. Elle possède leur propre population que vous pourrez asservir, en tout cas, contrôler et améliorer grâce à différents bâtiments  : une ferme par exemple pour éviter la famine, des miliciens pour calmer la rébellion des habitants, ou encore un fort pour racheter des unités à votre armée. Mais pour cela il faudra compter sur les revenus, soit sous forme d’argent et de cristaux. Du coup l’économie est très importante : plus vous possédez de régions et les développez, plus vos caisses se remplissent. Mais plus votre royaume s'étend, plus il faudra payer d'unités pour surveiller ce monde. Et en cas de déficit budgétaire, c'est la faillite et les ennuis en perspective. 

    Il est intéressant que le brouillard de guerre soit géré, mais qu'en plus la carte du royaume ne soit pas d'une taille fixe, de type quadrilatère (carré ou rectangulaire comme on peut le voir dans les autres licences). En effet, vous ne savez jamais où peut se cacher vos adversaires,  tant que vous n'avez pas envahi une région, vous ne voyez pas les régions frontalières.  

     

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    SERREZ LES RANGS ! SERREZ LES DENTS !


    Au tour par tour simultané, vos/votre héros va donc voyagez de région en région et étendre votre royaume. Il doit pour cela être accompagné de créatures unitaires, comme dans la licence Disciples, de différents rangs limités par les compétences de votre héros et aussi de votre château. Si on pourra possédez six créatures de rang un, on ne pourra avoir que trois créatures de rang 2, remplaçables par des rangs 1. On gère donc plutôt un groupe de compagnon plutôt qu'une armée. 

    Ainsi, lorsque votre héros rencontre un groupe d’ennemis, vous vous retrouvez sur la carte "champ de bataille". Découpée en hexagones, la carte mesure huit par huit, sur laquelle votre héros ainsi que ses troupes unitaires sont à positionner à gauche ou à droite. La bataille se fait au tour par tour, avec les actions d’un groupe dans son intégralité, puis les actions de l’autre. Chaque unité va donc, selon ses points d’action, attaquer et/ou se déplacer. Mais si vous avez développé votre capitale magie dans votre château, vous pourrez lancer des sorts selon vos compétences dans ce domaine et selon votre ressource en cristaux/mana.

    Chaque hexagone est composé d’un type de terrain qui peut aussi agir sur les caractéristiques de vos personnages. Ainsi si les montagnes sont infranchissables, les collines donnent un bonus de un à la portée des archers, alors qu’un marécage causera des malus de défense à l’occupant.  Bien sur jouera aussi l’équipement de votre héros et les capacités de chaque unité.

    Rajoutez à cela la gestion de l’endurance pour chaque unité, des munitions pour les archers et on  voit bien les possibilités innombrables de ce système. D’ailleurs cette séquence de jeu me rappelle Fantasy Général ou encore Fantasy Wars, un gage de qualité. Mais on peut très bien, si on en a ras les bottes des combats qui parsèment l’aventure, passer la main à l’I.A. qui les fera automatiquement devant vos yeux, voire les résoudra instantanément.

    Si c'est l'assaut d’une région contenant un château ou un fortin, commence le siège qui va durer un nombre de tours dépendant de la puissance de votre groupe. Puis le combat interviendra dès lors que les murs extérieurs auront cédé. 

     

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    DE L’OR, DU CRISTAL, ET DES NANAS ?


    A chaque fin de combat, vos troupes se partagent de l’expérience et l’équipement trouvé revient à votre héros. Pour une unité donnée qui monte de niveau, on vous propose juste de choisir entre deux compétences. Pour le héros, la montée de points de vie, de mana est automatique, mais vous aurez le droit de choisir une compétence parmi trois. Arrivé au niveau 10, on vous proposera une orientation professionnelle parmi quatre, vous donnant un nouvel axe de carrière. Donc, d’une partie à l’autre, la variété de votre avatar est bien réelle.  

    La gestion de l’équipement étant présente comme dans un vrai RPG, vous pouvez équiper votre héros de matériel trouvé sur les champs de bataille ou directement acheté au commerçant de votre château, si vous avez construit sa bâtisse. Là encore, le nombre d’affaires possible est très important et on trouve même des sets magiques qui valent leur pesant d’or, et qui donnent d’incroyables bonus à votre avatar. Même si l’équipement mis n’est pas visible sur votre personnage sur la carte du royaume où sur le champ de bataille, il faut savoir que la gestion d’usure existe et vous devrez repasser souvent chez votre armurier pour mettre à neuf votre matériel.

    Intéressant aussi, c’est le nombre d’événements qui vous arrivent à chaque tour.  En effet, à chaque fois, on vous propose plusieurs solutions : affronter ou non vos adversaires, passer par la diplomatie avec certains groupes pas forcément belliqueux. Lors de votre exploration dans une région, vous pourrez trouver divers groupuscules religieux ou guildes qui là aussi proposeront plusieurs alternatives : Les laisser vivre, mais leur imposer un impôt, ou les exterminer. Et même des aventuriers pourront vous confier leur trésor ou encore être embauchés pour garder vos terres. Il y a parfois des quêtes Fedex proposées par certaines régions à votre héros. Libre à vous de les accepter. 

    Après avoir fini la première carte de la campagne, le jeu prend une tournure surprenante avec un scénario assez déstabilisant, mais qui tient la route. Votre personnage est mort et est en fait un immortel ! Vous devenez alors une espèce de dieu qui va devoir conquérir des royaumes de plus ou moins grandes tailles pour répandre sa domination. Vous partirez les conquérir les uns après les autres, non pas en intervenant avec votre avatar, mais avec un nouveau héros à chaque fois que vous allez faire progresser dans chaque royaume.

     

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    VERS L'INFINI ET AU-DELA ...

     

    Dans ce menu sidéral, il sera possible de partir avec des avantages d'équipement ou de condition, si vous payez dans une monnaie astrale que vous gagnez à chaque royaume conquis. 

    Et dès le second niveau/royaume, la partie s’avère déjà beaucoup plus costaude, même au niveau de difficulté le plus faible, car les héros payés sont humains contrairement à vous et leur point de vie faible.  A chacune de leur mort, vous pourrez les ressusciter contre monnaie après un temps donné. 

    On pourra tout de même se sentir floué, car à chaque nouvelle carte, il faudra tout reconstruire et comme les petits royaumes limitent l’extension de votre château, vous ne pourrez pas forcément devenir commandant d’une équipe puissante. D’ailleurs dans les premiers niveaux, la rencontre avec une poignée de grosses créatures se terminent par l’extermination de votre petite armée. Il faudra donc jouer avec prudence et n'affronter que les créatures dont on est sur de venir à bout car il n'existe pas de bouton "Fuir" dans le champ de bataille. On met donc du temps à faire évoluer son héros et le plus souvent les unités embrigadées serviront de chair à canon.

    La difficulté s'amoindrit dès que votre héros monte de niveau et tant qu'il ne rencontre pas d'autres héros. Car figurez-vous que vous n'êtes pas le seul immortel à vouloir conquérir les royaumes. Le but ultime sera donc de s'accaparer les châteaux des autres divinités et ainsi contrôler ce royaume. La partie s’arrête alors instantanément et vous renvoie à la carte du monde comprenant tous les royaumes. On vous propose alors de choisir le prochain royaume que vous allez envahir. 

    Autant vous dire qu’après toutes ses explications, rien que pour la campagne que je n'ai toujours pas finie, vous pouvez imaginer une durée de vie phénoménale : une centaine d’heures. 

     

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    SEUL OU A PLUSIEURS, C'EST BON !

     

    Le contenu est donc plus que riche. Et pour ceux qui ne souhaitent pas s'embêter avec une campagne longue et astreignante, il reste la possibilité de jouer un scénario simple sur une carte aléatoire. Ainsi on choisit le nombre d'adversaires - jusqu'à seize, joueur inclus - le type de carte et on se lance sur une partie qui peut durer à elle seule de nombreuses heures. Car votre château n'étant pas limité dans ces évolutions, la richesse des upgrades vous tiendra longtemps en haleine, tout comme l'exploration. Comptez par exemple plus de vingt tours pour faire le tour d'une seule région, alors imaginez lorsque la carte est composée de trente régions... 

    Et puis il y a la partie multijoueur permettant de jouer à plusieurs via internet, en lan ou en hotseat (chacun son tour sur le même ordinateur à 16, on mettra sûrement des mois à finir la carte) et vous comprendrez que pour une poignée d'euros, on a touché le jackpot. 

     

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    RESTE LE CHAOS

     

    Du fait de son mode de jeu avec constructions,  Eador : Genesis souffre d’une mécanique redondante sur la longueur. Pour chaque royaume envahi, on reproduit a priori les mêmes cheminements d'évolutions. Mais il possède une telle richesse que les situations sont souvent différentes, ce qui fait que vous ne tomberez dans la répétition pas avant de très nombreuses heures de jeu. On pourrait reprocher tout de même au jeu qu’à chaque royaume vous deviez recommencer à zéro et tout refaire.

    A noter que si le jeu est en tour par tour sur le champ de bataille, sur la carte générale, c'est du tour par tour simultané. Comprenez par là que lorsque vous déplacez vos héros, vos adversaires font de même. Ce qui risque de vous obligez à jouer au chat et à la souris avec un ennemi qui peut fuir autant que possible, vous laissant affronter les garnisons de chaque région au point de vous fatiguer et de vous obliger à revenir en arrière. Et pendant ce temps là, il reprendra les terres laissées vides si vous n'avez plus les moyens de financer des garnisons. 

    On regrettera que pour chaque profil de joueur, on a une seule et unique sauvegarde en mode campagne, une en mode scénario et une en mode multijoueur qui se fait en sortant du jeu. Car sur une longue campagne, un choix d’orientation de carrière raté ou une mauvaise position et on devra recommencer le scénario via le monde astral. Comme le jeu a plusieurs niveaux de difficulté, vous risquez d'en baver au tout début, même en débutant. 

    Et dernier point : le jeu en Anglais. Même s’il n’est pas très compliqué,  il pourra vous poser soucis pour l’interprétation de certaines situations. Mais avec un peu d'observation, vous finirez par comprendre. 

     

    Eador : Genesis, même s’il puise son inspiration dans les licences comme HOMM, Age of Wonder et Civilization, a su supplanter les deux premiers modèles grâce à une jouabilité carrée et une richesse inégalée. De prime abord, très abordable pour le commun des mortels, mélangeant wargame, gestion et stratégie, il vous demandera un investissement conséquent au vue de la durée des parties. Alors si graphiquement, il n’est pas forcément à jour et pourrait être comparé à Heroes of might and magic 3, si cela ne rentre pas dans vos critères de sélection, foncez, vous ne le regretterez pas. Sinon, vous pouvez toujours attendre la nouvelle version d’Eador qui doit sortir bientôt et qui présentera avant tout une mise à jour graphique, qui portera sûrement le jeu au firmament.

    MAJ : une équipe bénévole, dont j'ai fait partie en tant que relecteur, a sorti une version française depuis et le jeu gagne en compréhension pour les anglophobes. 


      

    + Richesse inégalée pour un jeu de stratégie de ce type

    + Mélange des genres

    + Durée de vie

    + Prix ridicule et vite rentabilisé

     

    - Anglais ou russe uniquement

    - Campagne longue et fastidieuse

    - Résolution bloquée en 800x600

    - Sauvegarde limitée


     


    Article publié sur RPGFrance le 28.01.2013


     

     

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