• Ravensword : Shadowlands

    Voici que débarque sur PC, Ravensword Shadowlands, un action-RPG développé à la base sur Iphone, qui a réussi à se faire remarquer sur ce support. Mais si le parc des RPG sur téléphone est encore à développer, sur PC, le terrain est déjà bien occupé par des blockbusters qui assurent leur pérennité grâce à des épisodes presque tri-annuels et qui se sont installées il y a au moins une décennie. Et puis d'ailleurs, un portage vers une machine bien plus puissante est-il un bon point ou tout simplement une erreur ? Ce jeu acclamé par des joueurs sur téléphone est-il tant que cela une réussite sur PC ? Bien des questions auxquelles je vais essayer de répondre.

     

    Ravensword : Shadowlands propose de poursuivre la quête de Ravensword the Fallen kingsorti fin 2009 sur IPhone. Retrouvé sur les lieux d'une bataille avec une mémoire en carton et recueilli par les habitants d'Aven, vous allez essayer de comprendre ce qui s'est passé et quelle est votre destinée maintenant. Un pitch des plus conventionnels ne poussant pas à l'excitation mais qui permet de se mettre dans le bain. Après un choix de personnalisation faciale (nez, tête, bouche) très succinct mais existant, vous voici libre de partir à l'aventure dans Aven la cité du royaume, lieu central de l'univers qui se compose de plusieurs régions. 

        
    Troisième ou première personne : à vous de choisir ! 

    Bienvenue dans Jurrasic Park

     

    Tout d'abord l'univers en 3D se joue soit à la troisième, soit à la première personne, mais il convient de dire que cette dernière sera plus adaptée surtout lors d'utilisation d'arme à distance. Ces dernières sont d'ailleurs de type arme de jet mais aussi fusil, ce qui démarque Ravensword Shadowlands des héroïc Fantasy dans lesquels on a l'habitude de jouer. On se rendra compte aussi que le bestiaire est tout aussi exotique avec des créatures conventionelles (orques, trolls, zombis, goules) et des plus surprenantes (raptors, yétis). Du coup, on se demande vraiment où l'on se trouve avec cette architecture moyenâgeuse et se fourre-tout animal et technologique. 

    On parle de RPG, donc on s'intéresse aussi aux interactions avec l'univers et si dès les premières minutes on se dit que cela va être top avec la possibilité de piquer la vaisselle en essayant de ne pas se faire prendre dans cette première chaumière, très vite on déchante en s'apercevant que cela n'est pas possible ailleurs. Les livres et les potions resteront des décors. Lorsque vous souhaitez fouiller dans certains tonneaux ou caisses, ils sont scellés et il vous faudra les détruire pour prendre leur contenu. Il sera possible d'acheter des maisons et de les décorer, mais vous ne pourrez pas y dormir, ou avoir une quelconque interaction avec. C'est juste pour le fun.

        
    De jolies potions inaccessibles et du crochetage anecdotique 

     

    Et ce portage, qu'en est-il ? Et bien d'un point de vue graphique, on a très mal, même avec le moteur Unity. Le développement sur un support inférieur montre les limites d'adaptation sur le PC et aucun effort n'a été fait de ce côté là. Si on peut monter le graphisme en HD, on ne pourra pas toucher aux options graphiques que selon un choix qui se limite à faible, moyen ou élevé. Visuellement, j'ai l'impression de jouer à Gothic 2, avec des textures pauvres, moches par moment et baveuses, et des ombres absentes ou limitées. Les décors sont carrés ou grossiers, et si au début la végétation peut produire son petit effet, dans d'autres environnements comme la neige ou le désert, c'est très primaire. On trouvera aussi des architectures d'habitations redondantes. De plus, il y a des bugs graphiques nombreux, des oublis de textures à certaines jonctions et j'ai eu deux retours windows. Alors, il est évident que les développeurs se sont limités au strict minimum et aucune amélioration n'a été apportée à cette version pour vraiment se montrer digne du PC, vendue pourtant deux fois et demi le prix de la version  Iphone. On notera aussi l'unique sauvegarde possible ! Attention à la fausse manoeuvre qui ruinera votre expérience. 

    Même si j'ai apprécié le rendu des bouteilles et flacons tout comme le reflet de l'eau, cela manque d'effet de dernier cri. J'ai aussi tiqué à la vue des maisons totalement perpendiculaires au terrain en pente, et on se demande comment elles font pour tenir debout et ne pas tomber. Car la gravité est gérée ce qui est une très bonne idée, surtout lorsque vous tirez une flèche et qu'il faut tenir compte de la distance.

        
    Un bestiaire tout à fait exotique ! 

    Droit devant !!!!! 

     

    Chaque niveau comprend son propre bestiaire qui repope continuellement. Une bonne manière de faire du leveling. Malheureusement, il souffre d'une IA minable. En effet, outre ne pas réagir à vos tirs ratés qui le frôle ou qui plombent leur pote à deux mètres, dès qu'un ennemi vous charge, tout objet ou dénivellation l'arrête sans qu'il ne puisse rien faire. Dans les environnements avec falaises, il n'est pas rare de voir des ennemis, non pas passer sur le pont en faisant un petit détour pour venir vous mettre une rouste, mais tout simplement foncer sur vous en ligne droite et donc se jeter dans le vide. 

    Quant aux quelques archers que vous croiserez, même si la portée de leur arme est trop courte, ils ne penseront jamais à avancer. Non, ils restent là et vous n'avez plus qu'à faire du tir au pigeon. Du coup, à aucun moment on ne sera inquiété, même dans le mode le plus difficile avec une arme de jet. Je vous conseille alors de vous spécialiser en arme au corps à corps. De plus, les ennemis ayant un niveau dépendant du lieu dans lequel vous allez, en partant dans une région inappropriée, vous risquez d'en baver un peu, mais vous progresserez très rapidement et par la suite cela sera trop facile.

    La gestion à la souris et au clavier dont les touches sont reconfigurables se manie bien. De plus, il est possible avec les touches chiffres de faire des raccourcis avec n'importe quelle arme. Mais le combat au corps à corps est malhabile et la gestion de la caméra ne permet pas d'apprécier ce type de combat surtout face à des créatures de grandes tailles, car il est un point crucial que j'ai omis de vous dire. S'il est possible de jouer en mode première personne, l'angle de vision est limité. Ainsi vous ne pouvez pas lever ou baisser la tête qu'à 45°. Ce qui fait que vous ne verrez jamais vos pieds ou tout ennemi au dessus ou en dessous de vous. Et pour tous les passages de plateforme, ce sera de l'approximatif. Ah non, j'oubliais de préciser qu'un bug vous permet de monter sur toutes les parois alentours. Du coup, je n'ai jamais eu de montures, mais j'ai traversé les montagnes tel Spidermansur ses buildings.

        
    Caractéristiques et compétences.

    10 heures plus tard

     

    C'est un monde ouvert ? Pas tout à fait. Les niveaux accessibles se suivent et se débloquent au fur et à mesure, même si de la cité il est possible de partir dans trois directions, réussir la quête principale se fera forcément dans un ordre précis et linéaire. Du coup, la rejouabilité sera minime, à moins de varier la classe de son personnage.

    Là où Ravensword Shadowlands se montre intéressant, c'est tout simplement dans son système d'évolution. On effet, à chaque niveau gagné - et dieu sait que l'on gagne très facilement des niveaux dans ce jeu - vous avez un point à répartir dans une de vos quatre caractéristiques : force, vigueur, résistance, endurance, qui donne accès à des sous-caractéristiques qui augmentent (selon les maximums de vos quatre caractéristiques) elles naturellement ou grâce à des professeurs et de l'argent. Il y a aussi des points à répartir dans vos compétences classées selon quatre groupes distincts : arme, vol, social et magie. Chaque compétence est limitée à un certains nombre de palliers, généralement trois ou cinq, vous permettant d'améliorer vos actions. Par exemple, augmenter votre saut vous permettra de passer un pont inaccessible. Un système plutôt bien pensé qui fonctionne. L'évolution du personnage se fait plutôt rapidement, mais il faut dire que l'aventure est plutôt rapide avec une fin au bout de 10 heures. Il vous restera peut être une ou deux quêtes fedex à remplir, mais pas plus.

    Il existe deux cartes dans le jeu. Celle générale présentant le monde mais qui reste trop globale. Du coup, elle est inutilisable sauf pour se téléporter d'un endroit découvert à un autre. Et il y a la carte du niveau qui reste bloquée en haut à droite de votre écran et qui ne permet pas de zoomer, donc tout autant inutilisable pour s'orienter même si un marqueur vous indique la direction à suivre pour résoudre une quête choisie. 

    J'apprécie la gestion automatique de la faim qui donne un malus de régénération de la santé, au cas où vous auriez du mal à jouer ; nourriture que l'on trouve soit sur les ennemis, soit en chassant des petits animaux ici et là. La magie est plutôt bien pensée, dépendant de runes, mais reste en retrait et servira surtout dans la résolution de la quête principale. On trouve aussi quelques joyaux à incruster sur vos armes pour les booster. Une fois encore, cela reste light et rare. Tout comme les tenues et les armes qui se résument à une demi-dizaine par catégorie et que vous pourrez équiper. Un inventaire limité par le poids qui n'est pas forcément très ergonomique quand on sait que pour vendre chaque bouclier non empilable, il faut cliquer trois fois pour valider l'action.

    La magie tout comme les coups au contact sont dépendants de la valeur en endurance, et cette dernière s'épuise vite. Si vous n'en avez plus, votre personnage se repose même en plein combat. Du coup, la difficulté se corse au corps à corps. Non, rien ne vaut une bonne arbalète que vous pourrez acheter au début et que vous garderez tout du long.

    Enfin la musique qui nous accompagne est plutôt agréable et passe-partout. Elle cache bien la pauvreté des bruitages et le manque de dialogues oraux qui se limitent à quelques phrases. On ne se plaindra pas que le jeu soit en anglais car il y a très peu de textes et les discussions se résument à cliquer sur suivant la plupart du temps.


     

     

     

    Ravensword : shadowlands est un portage bâclé avec ses bugs à foison, ses graphisme en deçà, son IA absente, et son prix trop élevé pour l'instant. En 10 heures, vous en ferez le tour. Cet action-rpg aurait mieux fait de rester sur IPhone car il ne tient absolument pas la comparaison vis à vis des ténors du moment ou d'antan -je pense à Amalur entre autres - que cela soit visuellement, mais aussi mécaniquement. Pourtant avec plus de soin, cela aurait pu être un bon titre, car l'aventure n'est pas désagréable en soi, mais elle se montre bien trop restrictive, à l'image de la puissance d'un portable en fait. Ne vous attendez donc pas à un Elder Scrolls, même une sous-catégorie, mais plutôt à un action-RPG-nanar. Sur portable, il a pu faire son petit effet, sur PC, il fait un gros plouf


     

     

     + Des idées intéressantes

     

    - IA

    - Difficulté

    - Bugs à foison

    - Portage minable

    - Durée de vie

     

    MES VIDEOS : 

     

    Présentation du jeu
     
    Présentation des bugs et de l'I.A. 

    publié sur RPGFrance le 11 décembre 2013.